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  • : alceste , pensées d'un médecin atypique
  • : textes et reflexions d'un médecin sur l'ethique la philosophie , les grandes sagesses et notre société , tous cela en le rapportant à une quotidienneté teintée de l'approche d'une profession particulière
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  • anton ar gwillou
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 ma vie a été un peu chaotique 
 je suis un chercheur de vie , voici mes réflexions mes textes
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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 20:27

PerrineRosesSmall.jpg

Ce soir là, sur une route bordée de futaies printanières, je savourais, la fenêtre ouverte, cette douceur vespérale, qui monte de la terre encore humide de l’hiver passé,  riches des parfums telluriques, des laboures joyeux .Le crépuscule approchant, cette belle lumière impressionniste, offrait à ma contemplation des palettes d’aquarelles monochromes  aux verts langoureux.

Une douce mélancolie, alanguissait mon corps, et mes yeux commençaient à ne laisser à voir de la route qu’une étroite meurtrière, qui me serait bientôt fatale.

Je saisissai l’opportunité d’une belle allée cavalière qui s’enfonçait dans cette ténébreuse forêt domaniale, trop bien entretenue, pour laisser quelques instants mon véhicule, et marcher songeur à l’ombre fraîche d’une voute Silvestre.

J’ai cheminé ainsi, l’esprit vide, oppressé par la chaleur moite, tandis que la lumière progressivement s’atténuait, le soleil s’inclinant sur l’horizon et la canopée ne laissant plus passer que de furtifs rais. J’avais dû marcher longtemps, la fatigue m’envahissait et je songeais à m’en retourner quand devant moi je devinai à travers la ronce, la blancheur d’un mur aux moellons de tuffeau, comme on en trouve en pays tourangeau. Une porte massive faite de deux ventaux cloutés de bronze,  perçait la muraille. Je m’avançai et appuyai sur l’un des battants qui se laissa repousser sans difficulté.

Je découvris alors un jardin ordonné, à la française, qui me rappela ce jardin de la Perinne où j’aimais me cacher pour lire, adolescent. Sous mes pas le gravier parfaitement ratissé, crissait doucement ; les parterres aux fleurs rares esquissaient une aquarelle en technique sèche. Les essences rares invitaient au voyage. Les bassins aux poissons dorés vous obligeaient à se pencher sur les parements de nénuphars. Perdu dans cet immense parc, j’avisai alors un jeune homme sur un banc, penché dans l’attitude concentré du lecteur  .Je n’osai l’aborder et il ne daigna pas lever le regard. Continuant mon chemin j’arrivai sur ce qui me sembla être une sorte de chemin de ronde qui dominait une ville au caractère familier en ce qu’elle évoquait pour moi l’architecture urbaine d’une époque révolue depuis longtemps déjà .Alors que je méditais , je senti derrière moi une présence . Le même jeune homme se tenait là fixant l’infini ignorant ma présence. Vêtu d’un caban de marine et d’une écharpe écossaise, les cheveux longs, brun, il me sembla découvrir des yeux clairs, de cette couleur que l’eau prend dès que la profondeur est grande. A ses côtés se tenait une jeune fille, au teint mat, aux lèvres rutilantes, une longue crinière couleur du corbeau, lui tombait sur les reins, elle portait une longue jupe aux motifs que les hippies nous avaient suggéré .Dès que je tentai de m’approcher ils s’éloignèrent ostensiblement. Dépité je poursuivi mon chemin, traversai le déambulatoire d’un sinistre cloître, suivi un mur auquel était accroché des plaques identiques à celles que l’on pose sur les tombes, et qui ne semblaient ne contenir qu’une date. Enfin je m’arrêtai net devant l’entrée d’une grotte .Une pulsion morbide m’entraina dans l’antre sombre ; les parois semblaient iriser une lumière pulsatile comme les battement d’une cœur , phosphorescence qui m’évoquait ces montres qui irradièrent des milliers de porteurs quand j’avais l’âge des vertes années .Un appel inconscient me poussait à poursuivre et me conduisit aux berges d’un lac souterrain , dont les reflets verdâtres se poursuivaient sur la voute iridescente . Une puissante poigne psychique fit que je m’avançais plongeant mes pieds dans l’eau glacée .Là je perdis pied.

Je sombrai, happé par un puissant vortex, malgré mes capacités de bon nageur. Suffoquant je perdis rapidement connaissance, ne dit on pas que la noyade est la plus douce des morts : l’eau, quand nous ne pouvons plus retenir notre souffle, pénètre massivement nos alvéoles et après une rapide phase onirique nous entraine dans un sommeil de plus en plus profond.

Brutalement il me sembla émerger, tiré par une force sur humaine, or de l’eau, une lumière blanche froide et violente m’aveuglait, j’expectorai et vomis l’eau, puis d’effroi, mais aussi pour aspirer cette bouffée d’air qui me manqua je criai de toute mes forces. Alors une voie familière, une voix qu’il me semblait avoir appris à connaitre m’appela : »antoine , antoine te voilà enfin » ; une chaleur, un  parfum familier , je tournai mes yeux vers celle que j’avais appris à attendre pour la découvrir enfin .

Chacun connait le moment où le rêve se mêle à la réalité , moment d'errance entre deux mondes . Une autre voix toute aussi familière m'invita à sortir de ma torpeur onirique . Quel sommeil agité tu avais ! me dit elle .

Entre mes paupières lourdes de sommeil , je découvris le beau visage de mon amérindienne .

"je crois que j'ai fais un drôle de rêve "

 

 

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commentaires

L
<br /> <br /> Elle est très belle, cette histoire, on hésite à la qualifier de rêve tout en sentant son irréalité. Les détails percutants y sont, les détails poétiques aussi, donnant à l'ensemble une ambiance<br /> très suggestive.  J'ai beaucoup aimé te lire, Alceste. Amicalement.<br /> <br /> <br /> <br />
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